Chronique
Très attendu, le deuxième véritable album de Tricky surprend tout le monde. Détruisant méthodiquement l’héritage de Maxinquaye, Pre-Millenium Tension reprend les atmosphères sombres de Nearly God dans un ensemble beaucoup plus torturé. Oppressant, inquiétant, déroutant, cet opus démontre une nouvelle fois la faculté qu’a Tricky de n’être jamais là où on l’attend. Dès les premières secondes de « Vent », le morceau d’ouverture, on plonge dans un abîme de noirceur, qui ne s’interrompt que pour le sublime « Makes Me Wanna Die », forme hybride de soul minimaliste.
Moins électronique que ses prédécesseurs, Pre-Millenium Tension a une orchestration rock sur la plupart de ses morceaux. Il se distingue également par une plus grande intensité, notamment sur « Sex Drive », chef d’œuvre rageur et électrique, ou « Bad Dream », exercice périlleux où la voix angélique de Martina plane au dessus d’un chaos bruitiste et saturé. Avec sa ligne de basse toute en rondeur et ses voix murmurées, « My Evil Is Strong » pourrait être un hommage au Melody Nelson de Gainsbourg, tandis que « Piano », morceau au piano lancinant, clôt un album dense et complexe.