Chronique
Adepte de la provocation et cultivant l’art du contre-pied, Tricky choisit de se dissimuler pour son deuxième album derrière le pseudonyme Nearly God. Présenté comme un projet collectif plus que comme une œuvre personnelle, l’album éponyme Nearly God regroupe les collaborations de Tricky et Martina avec plusieurs artistes, parmi lesquels Björk, Neneh Cherry, son idole d’enfance Terry Hall, ancien chanteur des Specials, Alison Moyet, l’ex chanteuse du groupe de synth-pop Yazoo, ou encore Cath Coffey, des Stereo MC’s. Plus sombre que son prédécesseur Maxinquaye, Nearly God débute par une reprise glaçante de « Tattoo » de Siouxsie & The Banshees. Le climat oppressant et lourd de cette chanson se retrouve dans pratiquement l’ensemble des morceaux, ne se dissipant qu’en de rares occasions pour laisser place à des ambiances teintées de mélancolie. On l’aura compris, Nearly God n’est pas à proprement parler un album festif, à l’exception de « Together Now », duo avec Neneh Cherry dont la légèreté pop contraste avec le reste. Présentée comme l’invitée vedette de l’album, Björk reste finalement assez décevante. « Poems », complainte langoureuse chantée à trois voix avec Martina et Terry Hall, est sans conteste le morceau le plus réussi de Nearly God avec « I Be The Prophet » et « Black Coffee ».